(Jérusalem, le 18 octobre 2023) – Human Rights Watch a vérifié quatre vidéos des attaques du 7 octobre 2023 perpétrées par des hommes armés du Hamas, montrant trois incidents d'assassinats délibérés, et présente cette analyse dans une vidéo diffusée aujourd’hui. Ces attaques devraient faire l’objet d’enquêtes en tant que crimes de guerre présumés.
Dans la matinée du 7 octobre 2023, des hommes lourdement armés ont franchi les clôtures séparant Israël et Gaza, et sont entrés dans le sud d’Israël. Au moins 1 400 personnes ont été tuées, dont de nombreux civils, y compris des enfants, selon les autorités israéliennes. Human Rights Watch continue d'enquêter sur ces incidents, ainsi que sur d'autres, qu'il considère comme des crimes de guerre.
«Ces attaques mettent en évidence l’importance de l’enquête en cours de la Cour pénale internationale »,a déclaréIda Sawyer,directrice de la division Crises et conflits àHuman Rights Watch. «Le Procureur de la CPI a clairement indiqué qu'il pouvait enquêter sur des crimes graves, qu’ils soient commis par des groupes armés palestiniens en Israël ou par les forces israéliennes à Gaza.»
Après les massacres du 7 octobre, Israël a riposté en menant des milliers de frappes aériennes sur Gaza, tuant des milliers de personnes, dont des centaines d’enfants, selon le ministère de la Santé de Gaza. Des groupes armés à Gaza ont tiré des milliers de roquettes sur des zones civiles d'Israël, faisant encore plus de morts et de blessés.
Depuis 2007, Israël maintient le bouclage de la bande de Gaza et, depuis des décennies, réprime systématiquement les droits des Palestiniens.
Au regard du droit international humanitaire, ou droit des conflits armés, il est strictement interdit de prendre pour cible des civils; prendre intentionnellement pour cible et tuer des civils constitue un crime de guerre. Les violations et abus commis par une partie à un conflit ne justifient pas les violations, notamment visant les civils, par une autre.
Les trois incidents figurant dans quatre vidéos analysés par Human Rights Watch ont été filmés par une caméra de tableau de bord et des caméras de sécurité le 7 octobre. Ces quatre vidéos ont été partagées sur Telegram par le compte South First Responders.
Human Rights Watch a examiné les vidéos en vérifiant les coordonnées, les horodatages et les dates sur les vidéos et en les comparant à des images satellite, à des images open source et à des ombres pour déterminer l'heure et le lieu où les incidents ont eu lieu.
Incident 1 (une vidéo)
Dans une vidéo vérifiée, des images d'une caméra de tableau de bord prises à 7 h 55 montrent sept hommes armés, dont plusieurs criant en arabe, donnant des coups de pied à un homme torse nu devant un abri anti-bombes près de l'arrêt de bus de Reim Junction, à quelques minutes à pied au sud du lieu du festival de musique Supernova. Un tireur crie en arabe : « les gars, à l’intérieur, à l’intérieur ici ». Ils semblent avoir une discussion agitée avant qu'un autre tireur ne jette un objet dans l'abri. Un homme habillé en civil sort en courant. Les hommes armés crient, visent et lui tirent dessus par derrière alors qu'il tente de s'enfuir. Alors qu'ils tirent, une explosion se produit à l'intérieur de l'abri. La vidéo se termine et on ne sait pas si l'un ou l'autre des hommes a survécu. Des journalistes de CNN ont visité l’abri le 9 octobre, et ont rapporté que l’intérieur était éclaboussé de sang.
Incident 2 (une vidéo)
Dans une deuxième vidéo vérifiée, filmée par une caméra de sécurité à 8 h 43, un homme en civil qui semble avoir été mortellement abattu gît sur le sol en sang devant le kibboutz Mefalsim, à environ 24 kilomètres de l'arrêt de bus de Reim Junction. Un groupe d'hommes armés se rassemble devant une structure proche du mort et l'un d'entre eux lance un objet dans cette direction. Quinze secondes plus tard, une explosion se produit à l'intérieur de la structure et un homme armé traîne une personne à l’extérieur, lui tire dessus à bout portant et la frappe avec la crosse de son fusil sous les yeux des autres hommes armés.
Incident 3 (deux vidéos)
Dans une troisième vidéo vérifiée, une séquence filmée à 9 h 23 par une caméra de tableau de bord, on voit un parking poussiéreux à côté du terrain du festival Supernova. De la fumée s'échappe en arrière-plan. Un homme armé tire sur un homme en civil ensanglanté, accroupi à côté d'une voiture, puis l'entraîne hors de portée de la caméra. Un autre homme, qui lève brièvement les yeux et bouge sa jambe avant de rester immobile, est au sol derrière un véhicule. Il ne semble pas armé. Un homme armé court vers lui, pointe son fusil sur sa tête et lui tire dessus à bout portant. Son corps est secoué par l'impact, puis s’affaisse.
Dans une quatrième vidéo vérifiée, publiée sur les réseaux sociaux et enregistrée par la même caméra de tableau de bord un peu plus de deux heures et demie plus tard, à 12 h 12, la victime est allongée au sol dans la même position, immobile et très probablement morte. On voit des hommes extraire de petit* objets des poches de la victime, puis piller la voiture, où ils trouvent une femme cachée à l’intérieur. Ils l'emmènent loin de la caméra. On ignore ce qui lui est arrivé.
Le Procureur de la Cour pénale internationale dispose du mandat requis pour enquêter sur les crimes de guerre présumés commis lors des combats entre Israël et les groupes armés palestiniens. Le 3 mars 2021, le Bureau du Procureur de la CPI a ouvert une enquête sur des crimes graves présumés commis en Palestine depuis le 13 juin 2014. La Palestine est devenue membre de la Cour le 1er avril 2015. Le 13 octobre, Human Rights Watch a appelé le Procureur de la CPI à émettre d’urgence une déclaration publique concernant le mandat de la Cour portant sur les hostilités actuelles entre les groupes armés palestiniens et Israël.
Au cours des semaines et des mois à venir, Human Rights Watch partagera des résultats de recherche supplémentaires, établissant un ensemble de preuves de graves abus commis en Israël et en Palestine, tout en appelant à ce que les responsables de ces abus rendent des comptes.
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